An de Grâce 1226, c’est aux dernières lueurs du jour que le conclave s’est terminé. Les cardinaux dissidents s’étant ralliés, le signal fut donné, le premier Saint-Empereur avait été couronné. Saint Empereur Nobastus Premier annonça son premier décret, succinct mais profond: Aslande redeviendrait une terre de Dieu.
Les armées de l’église étaient prêtes depuis longtemps, n’attendant que le divin présage de la montée d’un monarque digne de régner sur la terre des hommes. À son commandement elles déferlèrent sur les apostats, les infidèles et les traîtres, leur offrant un ultimatum : rejoignez le prophète du Seigneur en ces terres, ou placez votre foi en Dieu le Créateur et qu’il vous reconnaîtra comme l’un des siens.
L'Infidèle Intendant déposé, ses généraux convertis, les terres d’Aslande purent connaître une renaissance dans la lumière de Dieu, où les ouailles avant oubliés pouvaient une fois de plus entendre Sa parole. Le Saint Empereur Nobastus Premier avait cependant tout un troupeau de brebis à guider, certaines plus égarées que d’autres…
L’Infidèle Cérule, artisan des malheurs du précédent âge, refusa d’entendre la Parole et de suivre le Saint Empereur, se soulevant et prenant les armes. Des décennies de décadence et de querelles avaient cependant rendu les armées désarticulées de l’Infidèle Cérule oisives et incompétentes, et elles ne furent qu’un obstacle au Message du Seigneur.
Il ne fallut qu’un an de glorieuse campagne pour que l’Infidèle Duchesse Constance Ven Vaugrenard ne soit défaite et son trône de Château-Cérule décrété impur et à déserter, le château serait le tombeau de la traîtresse. Sans leur chef, les familles de Cérule tombèrent les unes après les autres, accueillies au sein des ouailles du Saint Empereur, ou condamnées au même sort que les armées qu’elles avaient ordonnées.
Stabiliser l’Empire fut l’oeuvre de la vie du Saint Empereur Nobastus Premier, purifiant l’Infidèle Cérule et amadouant l’État de Valgaard, les gardant à leur place au service du Seigneur. C’est cependant en l’An de Grâce 1240 qu’il rejoint Dieu le Créateur, rappelé pour commander les armées célestes, remplacé par le Saint Empereur Ferranctus Premier, nominé par le conclave.
Là où le Saint Empereur Nobastus Premier était un conquérant, Saint Empereur Ferranctus Premier était le bâtisseur, déterminé à faire de son Empire le plus grand ayant vécu sur la Terre des Hommes. Les Infidèles et Apostats cependant minaient ses efforts. Inspiré de son prédécesseur, il émit un décret succinct mais grandiose:
“L’Infidèle Cérule n’est plus, dorénavant ce sera une enclave, et tous pourront être condamnés à l’exil.”
S’ensuit l’oeuvre de sa vie, étendant les fermes et terres, subdivisant Aslande pour accueillir les fidèles vivant encore dans la nouvelle Enclave présentés avec une date butoir. Les magistrats pendant ce temps révisèrent les codes pénaux, faisant de l’Exil l’arme de l’Empereur pour déraciner les Infidèles de ses rangs.
En l’an de grâce 1265, Saint Empereur Ferranctus Premier rejoint notre fondateur, remplacé par le Saint Empereur Nobastus Second. Doté d’un empire établi et stable, il se tourne vers l’avenir et la conquête de l’inconnu, envoyant des flottes à la découverte d’une autre brebis à ramener au sein du troupeau.
L’oeuvre mise en place par le Saint Empereur Ferranctus Premier bat son plein à la frontière de l’Enclave des Exilés. Cet humble scribe revient du poste frontalier admettant les Exilés pour leur sentence, une générosité comparée à la peine de mort. C’est sur place qu’on leur donne la fiole contenant le Diapason des Exilés, et qu’une fois ingérée, la clochette portée par les gardes débute son juste tintamarre. Le Carillon des Exilés cesse de sonner une fois les exilés escortés de l’autre côté de la muraille, les condamnés disparaissant dans les bois avec un baluchon, quelques rations et quelques effets personnels, laissés pour permettre la réflexion sur leurs actes.
Nous sommes en l’an de grâce 1280, les infidèles ne sont plus qu’une note de bas de page et le Saint-Empire Aslandais ne fait qu’inexorablement avancer vers son âge d’or.