Alors qu'il était amené devant le juge, l’accusé pouvait apercevoir les témoignages des jugements déjà rendus par la cour. Les murs de pierre de la salle étaient ornés de parchemins, chacun portant les noms des âmes condamnées à l'exil avant lui. Leurs crimes et leurs sentences étaient inscrits en lettres noires, des traces indélébiles de la justice implacable qui régnait en ce lieu. À chaque pas, le cliquetis des chaînes résonnait dans un silence épais, et les regards lourds de l'assemblée se posaient sur lui, chargés d'une attente mêlée de crainte et de curiosité morbide. Pourtant, loin de fléchir, il affronta le juge avec détermination, son regard défiant embrassant les vestiges des âmes exilées qui l'avaient précédé.
Dans l'ombre de la grande salle du tribunal, où les piliers de pierre s'élevaient comme des sentinelles muettes, une foule dense se pressait, murmurant à peine, suspendue aux lèvres du juge qui s'apprêtait à prononcer sa sentence. L'accusé se tenait au centre de la pièce, ses poignets enchaînés, son regard sombre et rempli de défi. L'orgueil brûlait dans ses yeux, et malgré les lourdes accusations portées contre lui, il ne montrait aucun signe de repentir ou de peur.
Le juge, un homme austère et imposant, vêtu de robes brodées de l’Épée de Vérité, se leva de son siège. Il scruta la salle d'un œil sévère, imposant le silence avec une autorité indiscutable. Le murmure de la foule s'éteignit, laissant place à une attente palpable. Chaque souffle semblait retenu, chaque mouvement suspendu dans l'air lourd de tension et d'attente.
Le juge commença d'une voix grave et résonnante « Vous vous tenez devant cette cour sacrée de la loi divine, accusé de péchés graves et de transgressions odieuses contre le Saint-Empire, contre les lois de l’Église et le bon peuple de ce royaume. » Les mots s'échappaient de ses lèvres comme des coups de marteau, chacun frappant avec une force indéniable.
Le juge poursuivit, énumérant les charges avec une précision glaçante. « Premièrement, vous êtes accusé de sept chefs d'accusation de Colère Mortelle, ayant commis le plus odieux des actes de meurtre contre des membres du clergé, saints serviteurs de notre Seigneur. » Les visages dans la foule se tendirent, certains fermèrent les yeux, murmurant des prières pour les âmes des défunts.
« Deuxièmement, » continua le juge sans relâche, « vous faites face à trois chefs d'accusation de Colère Mercantile, dans lesquels vous avez été engagé pour tuer des frères et soeurs de l’Ordre de la Providence, protecteurs du royaume et défenseurs des fidèles. » Un frisson parcourut l'assemblée, comme une vague de choc et de dégoût.
« Enfin, » conclut-il, sa voix prenant une teinte encore plus solennelle, « vous êtes accusé de dix-huit chefs d'accusation de Vanité Diffamatoire. Vous avez incité le public à un comportement émeutier, répandant des mensonges et semant la discorde parmi le peuple, les détournant du chemin de la droiture et de l'ordre. »
Chaque accusation semblait peser plus lourdement sur les épaules de l’accusé, mais loin de se sentir accablé, il redressa la tête, un sourire arrogant sur les lèvres. Son regard défiait non seulement le juge, mais aussi l'assemblée tout entière. Les murmures de la foule s'intensifièrent, les visages trahissant à la fois l'horreur et la fascination devant tant d'insolence.
Enfin, le juge prononça la sentence. « À la lumière de vos nombreuses et graves offenses, et après mûre délibération, il est le jugement de cette cour que vous serez exilé de cette terre. Vous irez vivre le reste de vos jours dans la Première Colonie Pénale du Saint-Empire d’Aslande, au-delà des frontières des terres, où nous espérons ardemment que vous viendrez à voir l'erreur de vos voies. Que cet exil serve de temps de réflexion, de repentance et de pénitence pour vos péchés graves. »
Le silence qui suivit ces mots était presque palpable, un moment suspendu où chacun retenait son souffle, absorbant la gravité de la décision. « Prenez garde, » ajouta le juge, « car la miséricorde du Seigneur est infinie pour ceux qui se repentent véritablement. Cherchez Son pardon, car c'est seulement par une contrition sincère que vous pourrez trouver la rédemption pour votre âme. Allez maintenant, et que le Seigneur ait pitié de vous. »
Les gardes s'avancèrent pour le saisir. La foule se dispersa lentement, chacun emportant avec lui le souvenir de ce jugement solennel. Le murmure de l'assemblée continuait de résonner longtemps après que l’accusé eut été conduit hors de la salle.
Ce soir, le bateau qui l’amènera à destination partira. Le Diapason lui sera administré, le marquant à jamais comme un exilé, et, à l’aube, sa nouvelle vie dans les terres désolées de l’Ancienne-Cérule débutera.