Les Forêts de Silren

Le nom de Silren en est un qui n’est d’usage que dans les livres d’histoire des érudits, ou dans la bouche des plus fiers patriotes cherchant à retrouver la gloire de jadis. C’était autrefois le nom de toute l’étendue forestière présente sur le Vieux-Continent, avant que les tribus vagabondes d’hommes dont les descendants deviendraient les Aslandais ne se mettent à repousser ces frontières naturelles pour tailler leur place. Plus qu’une simple forêt, c’était à l’époque tout le territoire impérial de Galadorei.

Lors du décès de son plus grand arbre, le Saule Millénaire, le peuple Galador disparût. Les hommes découvrirent qu’une grande partie des bois n’était plus habitée, et que la plupart des elfes qu’ils pouvaient y trouver s’étaient établis autour du lac Elora, loin des restes du Saule. Les autres qu’ils rencontrèrent se mêlèrent aux Aslandais, conservant entre eux le nom d’elfes silrains pour se souvenir de leurs origines.

De nos jours, les Forêts de Silren abritent trois petites nations distinctes. Autour du Lac Elora et près des rives de l’océan, Eloren perdure paisiblement. Des tréfonds du monde sont arrivés d’autres elfes, revendiquant le nom de Galadorei pour leur territoire et s’affairant à bâtir dans les marais, sur les ruines de leur ancien empire. À la base des Monts-Blancs, les Faunes, ces hommes aux caractéristiques bestiales, se sont installés dans un bois sacré qu’ils appellent la Sylve.

Eloren

Chef d’État 
Le Synode

Capitale
Elora Llen (“Lac Elora”)

Couleurs 
Bleu, bleu ciel et blanc

Blason 
Blanc et bleu ciel sur un pavois bleu. Une étoile florale à multiples branches repose dans un cercle évoquant la nouvelle lune. Une étoile distante scintille au bout de chaque branche du symbole central, sauf là où les trois arabesques végétales s’étirent.

Il y a presque un millénaire, suivant leur prophétesse Elora, un regroupement d’érudits de Galadorei fuirent une catastrophe annoncée par celle-ci. C’est sur la berge d’un lac qu’ils s’étaient établis lorsqu’ils entendirent les premiers murmures du désastre qui s’abattit sur la contrée-mère, décimant les Galadors. La prédiction d’Elora s’étant révélée juste convainquit les elfes qu’elle pouvait voir l’avenir. Ils firent d’elle leur Reine, et nommèrent le lac en son honneur, Elora Llen.

La Reine-Prophétesse forma un conseil d’une dizaine de représentants des divers intérêts de la cité grandissante peu avant son décès. Le Synode créé ainsi avait pour but de remplacer Elora, et de servir de dirigeants pour le peuple elorin. Isolés par les bois du monde des hommes, les Elorins ont élevé de nombreuses tourelles cachées parmi les arbres, des avants-postes placés d’un bout à l’autre de leur territoire. C’est dans les cîmes que les brillants arcanistes, artisans et artistes d’Eloren produisent la perfection.

Si Eloren se fait distante et adopte des politiques isolationnistes, elle n’en est pas moins polie, sinon cordiale avec ses voisins. Les nains de Dhalmar partagent avec eux l’amour des belles choses et de la paix, et donc la Cité et les elfes ont développé au fil des siècles une forte relation économique. Tout ce que la forêt ne peut produire, les dhalmarains savent vendre. Certaines tensions existent toutefois entre les elorins et le Saint-Empire Aslandais. Chaque Saint-Empereur demanda au Synode de prêter allégeance à l’empire, et chaque fois la réponse fut la même : un refus. Si leur indépendance est encore tolérée, c’est par le brio politique des conseillers du Synode. Certains se préparent toutefois à un nouvel exode, désirant éviter de verser leur sang dans le lac sacré de leur prophétesse.

Elora Llen

Le Synode veille sur des tours qui s’étirent vers les cieux, telles autant de doigts sortis du lac pour attraper les astres. Rejoints par des ponts et des escaliers autant sur le lac que dans les airs, les bâtiments sinueux imitent les arbres qui entourent la cité. C’est là que le cœur du peuple elorin réside. Elora Llen est un des rares endroits d’Eloren qui sait accueillir les visiteurs : la Grand-Place, un regroupement de ponts plus près du sol forestier, charme les étrangers avec ses artistes, ses musiciens, ses commerces et son paysage.

Dans ses autres quartiers, plus haut dans les airs ou plus loin sur le lac, on ne croise presque exclusivement que des elfes. La quiétude règne au-dessus des eaux tranquilles où repose Elora, l’ordre maintenu par la Garde du Lac. Majoritairement composés de mages sachant allier l’épée à leurs prouesses arcaniques, les membres de la Garde servent de force militaire et policière au creux de la forêt d’Eloren.

Port Sithin Col

Installé à l’embouchure de la rivière découlant d’Elora Llen jusque dans l’océan, Port Sithin Col est un chantier naval et port commercial. Fondée il y a quelques décennies, la petite ville accueille les marins naviguant entre le nord et le sud du Vieux-Continent, leur servant de port de ravitaillement ainsi que d’escale où prendre un bref congé. Quelques rares marchands venus de Mirahd s’y arrêtent aussi en route vers Valgaard, leurs cargaisons d’épices trouvant plus d’acheteurs dans les bois elorins.

Le chantier naval, quant à lui, emploie des méthodes non-traditionnelles pour s’approprier les matériaux nécessaires à son travail. Le territoire autour de Port Sithin Col est largement dépourvu d’arbres, une coupe à blanc ayant été effectuée dans les alentours pour bâtir les nombreux navires d’Eloren. Une flottille de leurs longs vaisseaux s’étend désormais sur l’océan, protégeant les forêts des dangers venus d’outremer.


Galadorei

Chef d’État 
Chancelière Demera Fahar

Capitale
Le Saule Immortel

Couleurs
Vert, noir et or

Blason
Vert, noir et or sur une targe d’acier. Une éclipse solaire au sein d’un triangle équilatéral doré pointant vers le bas. Le vert, comme une forêt, entoure le triangle.

De la dépouille du Saule Millénaire s’étendit un vaste marécage, transformant une large partie des forêts de Silren. Les tourbières cachent de nombreux échos de la gloire enfouie de l’Empire Galadorei, des artéfacts de meilleurs jours attendant de refaire surface. C’est sur la tombe du centre de leur monde que les Galadors revenus des tréfonds du monde ont décidé de rebâtir.

La Chancelière Demera Fahar, quand elle portait encore le titre d’Impératrice, sauva son peuple. Lorsque les mages qui sacrifièrent le Saule Millénaire se tournèrent vers les survivants galadors pour faire d’eux un catalyste supplémentaire pour leurs sombres desseins, Demera se saisit du reste des armées de Galadorei et rassembla les gens du petit peuple qui pouvaient voyager. Ensemble, ils partirent. Ensemble, ils brisèrent le voile de la mort pour hiberner des siècles durant, jusqu’à ce que leurs ennemis s’affaiblissent. Ensemble, ils revinrent planter un couteau dans le cœur du dernier des mages immortels qui avaient détruit Galadorei.

Lorsque le Saint-Empereur Nobastus Premier se tourna vers les marécages pour y déceler de potentiels ennemis, il imposa les mots suivants à l’Impératrice : « Sous le regard de Dieu, il n’y a qu’un seul empire.» Réduite à quelques milliers d’âmes, son Saule Immortel débutant sa construction, Galadorei n’était plus qu’un murmure. Fahar dût acquiescer, promettant à sa Sainteté que tant qu’il y aurait la paix entre leurs deux nations, elle ne serait que la Chancelière des Galadors.

C’est dans cette époque de paix tacite que Galadorei peut croître. La majorité de ses sujets étant tirés des divers ordres militaires de l’ancien empire, la Chancelière leur offrit de rester dans les unités qui leur étaient familières et de profiter de leurs liens déjà forts pour établir de petites communautés sur leur territoire. Ici et là, leurs mains habituées aux manches d’épées font pousser du riz, du maïs, et d’autres plantes qui profitent d’une terre humide, parfois inondée. Ils extraient des dépôts sédimentaires du marais de bonnes quantités de fer pour produire leurs outils, sans parler des mines qui ont été creusées dans le flanc des montagnes au nord.

Changés par les affres de leurs ennemis ancestraux, les Galadors qui ont suivi Demera il y a plusieurs siècles ne peuvent pas se servir des diverses formes de magie connues sur le Vieux-Continent. Bien que leurs enfants le peuvent, ils refusent de le faire pour la plupart : ainsi, Galadorei est l’un des rares endroits où on n’enseigne pas les disciplines arcaniques. Débrouillards et inventifs, les elfes de Galadorei développent de riches connaissances dans les arts de la métallurgie, de la chimie et de multiples autres sciences pour enrichir leur société. Possédés du don de l’industrie, ils sont des pionniers des arts mécaniques. C’est un amour qu’ils partagent avec les nains de Teredhor, qui étaient autrefois leurs alliés avant la destruction du Saule Millénaire. Leurs liens désormais reforgés, les ingénieurs galadors sont parmi les rares visiteurs qui peuvent accéder aux sous-sols teredhains avec facilité.

Parmi leurs autres alliés, les Galadors peuvent compter les bonnes gens de la province de Valgaard. En effet, après avoir occupé la vallée de Navram pendant le phénomène surnaturel connu sous le nom du Silence, les sujets de la Chancelière décidèrent de faire don du territoire à leurs intendants d’origine, les Valgaardiens. Ceux-ci ont donc entrepris de marchander avec Galadorei, les richesses du nord contre l’expertise millénaire des Galadors dans leurs outils, leurs armes et leurs produits alchimiques.

Teir Aulë, le Saule Immortel

Le centre politique, commercial et industriel de Galadorei n’a pas été fondé : il a été bâti. Une œuvre à laquelle se sont consacrées des milliers de vie sur plusieurs décennies, Teir Aulë, le Saule Immortel, est une gigantesque tour en forme de prisme triangulaire, faite de roc, de métaux et d’autres ressources de la terre. Renforcée par les alchimistes, la structure brille de mille feux, et ce, peu importe l’heure du jour ou de la nuit. Un curieux assemblage de miroirs reflète la flamme des forges éternelles de Galadorei, renvoyant toute cette lumière sur les parois polies et réfléchissantes de la tour. Tel un second soleil, Teir Aulë guide les Galadors jusqu’à leur Chancelière.

L’intérieur du Saule Immortel est arrangé en de nombreux étages qui ont tous une fonction propre à chacun. Les quartiers résidentiels, y compris ceux de la Chancelière, sont situés dans les strates les plus près du sol de la tour. Les centres de recherche et de développement des ingénieurs ainsi que les forges de la capitale sont dans les étages plus près du sommet de Teir Aulë, pour permettre à la fumée et aux gaz produits par leurs expérimentations d’être évacués sans déranger la population. Un de ces niveaux a été réservé à l’usage exclusif d’une division militaire de Galadorei, les Pyroclastes. Ceux-ci, rendus experts dans l’art de servir de concoctions alchimiques pour produire flammes et explosions, pratiquent leur métier de sapeur en temps de paix dans les halls renforcés qui ont été aménagés pour eux.


La Sylve

Chef d’État 
Tribunal de la Sylve

Capitale
La Sylve

Couleurs
Beiges, bruns

Blason
Lignes foncées gravées dans le cuir d’une peau de bête. Une corde infinie nouée de forme circulaire, couronnée  de bois de cerfs.

Au cœur des bois entre la vallée de Navram et le Saule Millénaire, de nombreuses tribus plus ou moins sédentaires vivent sous la canopée des conifères mêlés de rares feuillus. Rassemblés dans des petits villages de huttes et de tentes, les faunes de la Sylve mènent une existence paisible dans le territoire qu’ils partagent avec Galadorei. Le phénomène surnaturel qu’on appellait le Silence y a jadis empêché la présence de tout être pensant, ainsi les bêtes et les plantes ont réclamé les lieux que les gens du marécage occupaient autrefois. C’est de la  générosité des bois que se nourrissent les faunes, qui sont majoritairement des chasseurs et des cueilleurs. La cultivation et l’élevage ne sont toujours pas très populaires parmi eux, qui respectent la nature sauvage de leur Sylve.

D’année en année, les tribuns à la tête de chacune des Maisons de la Sylve se rejoignent dans un lieu qui leur est cher : le Creuset. Les faunes racontent qu’ici, la Flamme y est la plus vive. D’un regard désinvolte, on y observerait un simple cercle de pierres sculptées, érigé là où les gas du marais environnant font bouillir la fange. Ceux qui sont plus à l’écoute des murmures de la forêt y ressentiront la présence de grands dépôts de magie druidique, une véritable concentration de la force des éléments.

Le Tribunal de la Sylve se réunit donc au Creuset pour observer leurs divers rites envers la Flamme, et aussi pour y partager entre eux les divers troubles affligeant leurs Maisons. C’est là que seront réglées les querelles, prédits les présages de l’année à venir, et promises les alliances entre les tribuns.

La Sylve est gardée par des druides qu’ils appellent les Foudrelangues. On entend dans leurs voix les rugissements divins du tonnerre, la Flamme des cieux. Ils ne sont pas très nombreux, assumant chacun la responsabilité d’une petite région de la Sylve, à la fois gardes-chasse, shérifs, et guides spirituels de leurs communautés.