Après avoir dépassé les camps de guerre du Roi Guillaume d’Aslande, qui observait avec avarice la gorge de Navram vidée par le Silence, la Caravane fut interceptée par des éclaireurs des Galadors à la lisière des Marécages. Ces elfes intemporels, débarrassés de leur mortalité pour pouvoir combattre un ennemi qu’ils ne pouvaient vaincre, sont revenus après des siècles d’attente et de préparation pour abattre les Huit, les traîtres qui jadis firent tomber la nation de Galadorei, ceux-là même qui ont créé le Silence.
Le Silence, les Galadors expliquèrent, nourrit les Huit des âmes qu’il sépare des créatures qui osent y pénétrer. Ceci préserve leur vie indéfiniment et régénère leurs forces magiques en continu. En écrasant la région avec le Silence, les Huit ont signalé leur retour - l’arrivée des Galadors, cependant, les empêcha de se concentrer sur leurs plans initiaux de domination. La bataille entre les deux groupes d’immortels était coincée dans une impasse : si les Galadors ne pouvaient mourir, ils pouvaient cependant être grièvement blessés, leurs corps incapables de faire quoi que ce soit. Sans magie, ils ne pouvaient se reconstruire efficacement. Leur surnombre ne pouvait cependant pas vaincre les Huit, ceux-ci se régénérant plus vite qu’ils ne se faisaient blesser. Frustrés par la situation, deux des Huit retournèrent leur magie contre les six autres. Absorbant le pouvoir accumulé par ces derniers, ils décuplèrent leurs propres capacités, mais ne pouvaient plus étendre à eux seuls le Silence. Ils avaient brisé leur propre sort pour tenter d’anéantir la résistance Galador et fuir pour recommencer ailleurs leurs sombres desseins.
Il s’avéra qu’au-travers des voyages de la Caravane, un de ses membres, Félix de Cendrespoir, avait récupéré une arme ancestrale forgée avec l’aide du Culte des Cent Secrets, une lame pouvant couper l’immortalité même. Lorsque cette information parvint à Demera Fahar, héritière de la couronne impériale de Galadorei, elle implora les aventuriers de pourchasser avec elle les deux immortels.
Les Marécages devinrent une zone de guerre. Les deux immortels relâchèrent des créatures mortes-vivantes arcanophages, qui absorbaient les sortilèges de leurs chasseurs. Flanqués de soldats Galadors, les aventuriers se seraient perdus dans le marais, s’ils n’avaient dans leurs rangs quelques membres ayant vécu dans ces lieux hostiles. Lorsqu’ils rattrapèrent enfin leurs proies, ils découvrirent leur tâche à moitié complétée : les deux elfes étaient pris dans une dernière étreinte, et celui du nom d’Elidyr se défit de son amant, qui glissa au sol, transpercé par une lame. Déferlant de l’énergie volée de ses sept camarades assassinés, il hurlait des incantations arcanes mêlées à de la sorcellerie, nourrissant de sa colère de plus en plus de cadavres dévoreurs de magie. Il fallait le terrasser, et vite : son pouvoir n’était limité que par son manque de contrôle, et il apprenait vite à dominer cette énergie. L’héritière de Galadorei se précipita sur lui, épée en main, pour l’empêcher de se concentrer sur la destruction de ses alliés. Elidyr n’avait plus le loisir d'absorber les âmes une à une. Entre deux parades il lançait des jets de flamme, des vagues de douleur, des lames du sang répandu de sa victime gisant tout près.
Plus il relevait les morts, plus les porteurs de Cendrespoir se rapprochaient. Plusieurs déjà commençaient à porter des coups à son encontre. Sa fureur ne fit que grandir. Éclat après éclat de magie renversèrent les aventuriers. L’Impératrice commençait à peiner à se tenir debout, blessée de partout, mais elle ne cessa pas de combattre. Puis, enfin, l’épée Cendrespoir érafla Elidyr. À peine une égratignure. Enfin perla sur sa peau une seule goutte écarlate.
Sentant sa fin proche, il tenta d’emporter ses assaillants avec lui. Faisant fi de toute notion de contrôle, il laissa la sorcellerie jaillir de lui, tout son pouvoir agrandi par la haine, par la terreur, par la passion. Il brûlait de toutes parts, sur le point d’exploser, lorsque ses blessures furent enfin fatales.
Lorsque les nouvelles du Bris du Silence atteignent l’armée aslandaise, ils font marche vers Navram pour y découvrir les Galadors déjà installés. Ne souhaitant pas avoir à combattre le peuple qui, selon eux, vient de mettre fin au Silence, Aslande abandonne ainsi la prise de Navram.
Le monde désormais libéré du Silence, la Caravane se tourne vers une mission qui tarde : mettre fin à la purge de l’Inquisiteur Valence Delacroix.