Étude des groupes religieux d’Aslande, 1192
Anonyme
« Ce sang que vous disiez sacré, il n’en revient pas à vous de le verser. Ne saignez que vous-mêmes, et craignez le sang d’autrui. Vous n’avez pouvoir sur personne, comme le divin n’a aucun pouvoir sur vous. »
- Adalric de Tournetombe, Premier Curé du Culte des Cent-Secrets.
L’appellation du groupe se rassemblant dans la Carmine Chapelle de Tournetombe en est une qui évoque des images de rituels dans le noir, de visages encapuchonnés découpés des ombres par la lueur de quelques chandelles, autour d’un cercle de sel – ou pire, de sang – dans le centre duquel un maître de cérémonie ronronne d’un ton monotone une doctrine absconse et ésotérique. Cette image fixée dans l’imaginaire collectif des bonnes gens d’Aslande a été encouragée et cultivée avec brio par les cultistes, qui trouvent dans la crainte éprouvée à leur égard le meilleur des abris. S’éloignant ainsi des simples gens qui les questionneraient sur leurs croyances, leurs méthodes et leurs pratiques, ils se protègent aussi de ceux qui auraient tôt fait de les chasser de Tournetombe en leur laissant croire qu’ils arborent de funestes desseins.
Largement laissés à eux-mêmes, les initiés du Culte se rapprochent plus d’une société secrète que d’une véritable organisation religieuse, même si plusieurs membres prennent à cœur le dogme qui y est enseigné. Après tout, un point de vue qui met l’être humain au centre de l’univers, maître de son propre destin et surtout maître chez lui, résonne auprès de beaucoup de bonnes gens. De nombreux initiés sont avant tout des gens qui ont subi une religion d’une façon ou d’une autre, qu’ils aient été chassés de leur village en étant traités d’hérétiques, qu’ils aient été considérés maudit par la Mère des Monstres, ou encore qu’ils aient tout simplement été élevés dans un monde avec lequel ils sont en désaccord.
La Première Exorciste n’appelle que les plus dévoués – à sa cause ou au Culte – à devenir des acolytes, ces initiés qui démontrent des talents martiaux. Ces gens sont entraînés avec rigueur à reconnaître les signes des apparitions des Maleficarum, ces êtres qui ne sont pas mortels. Anges, démons, esprits et faes : ces créatures n’ont pas droit au monde des hommes, dicte le Culte. Ils abusent de leurs pouvoirs pour mettre à bas les mortels. Des gens profitant de leur magie pour causer le tort sont également Maleficarum, et à détruire à tout prix.
Après avoir appris à voir le mal, il faut apprendre à le contrôler. Le contrôle, selon le Culte, commence par soi, d’où la croyance que la douleur qu’ils s’infligent et leur rappelle leur mortalité leur permet également à contrôler leurs émotions, leur concentration, leur volonté. La Première Exorciste et ses frères enseignent aux acolytes à contrôler leur pouvoir, qu’il soit magique ou non, de façon à pouvoir l’appliquer judicieusement.
Les acolytes servent leur maîtresse en servant d’assistants aux curés, aux exorcistes et aux obfuscators. Il est à noter que ceux-ci ne sont pas considérés comme étant meilleurs que leurs acolytes – tous sont égaux face à la mort, face à la douleur.
Un curé, bien que son titre soit intrinsèquement religieux, ne sont pas obligatoirement des adeptes de la magie dite « divine ». Leur rôle est de connaître les rituels et les coutumes des Cent-Secrets, d’être fidèles au Culte et de guider les autres initiés et acolytes.
Un exorciste, quant à lui, s’instruit toujours plus au sujet des méthodes permettant de combattre les Maleficarum. Manipuler la magie du monde des morts est souvent un mal nécessaire pour eux, car celle-ci protège habilement contre les incursions des êtres venus d’ailleurs. Plusieurs d’entre eux se rapprochent des idéologies du Culte pour se protéger de l’influence potentiellement malsaine des esprits reliés à leurs pouvoirs, et développent dans certains cas des aptitudes similaires à la magie des prêtres d’ailleurs.
Le rôle d’un obfuscator est difficile à cerner. On dit parfois d’eux qu’ils gardent les savoirs interdits – les « Cent-Secrets ». Ils sont pourtant souvent envoyés faire des missions clandestines, leur passage rarement remarqué par les bonnes gens d’Aslande. Nous déduisons d’eux qu’ils font des rapports sur diverses choses banales, mais dans quel but ? Nous ne pouvons que spéculer, la meilleure théorie étant qu’ils ne font que contribuer à la propagation des mythes au sujet du Culte, et donc à préserver sa sécurité.
Nous jugeons que le Culte, même si plusieurs de ses initiés pratiquent d’étranges magies, n’a à cœur que le bien des gens du Vieux Continent.