Le Panthéon de Valgaard

Dans les rudes contrées du nord, là où les éléments ont tôt fait d’avoir raison des imprudents et des impatients, c’est une passion partagée qui sait réchauffer les cœurs et réconforter les âmes des braves qui y bâtissent leur foyer. Les légendes des Héros de Valgaard, ainsi que celles des Dieux qu’ils émulent, sont transportées dans un imaginaire collectif construit par des millénaires de tradition orale, mais aussi consignées dans les profondes archives du Reliquaire, où les historiens départagent le vrai du faux, et établissent la séparation entre les faits et les croyances populaires.

 
 

Dans les histoires des valeureux, les Valgaardiens trouvent l’inspiration à toujours donner le meilleur d’eux-mêmes, à garder la tête haute, et à rester fidèles à leur nature. Les Dieux et leur progéniture ne font pas de compromis sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font, alors pourquoi est-ce que l’humain devrait le faire ?

Il est difficile de mettre une date sur la naissance des mythes et légendes qui nourrissent l’imagination des gens du nord, mais une chose est sûre : l’Âge des Légendes est ainsi nommé car il est cru que c’est en ces temps ancestraux que Faltyr foulait la terre, et qu’il fonda sa dynastie.

Des dieux et des Héros

Les Valgaardiens vénérent un grand nombre d’entités, départagées en deux catégories : les Dieux, nés des Êtres Fondateurs, Tyr, Rea et Fenja, et les Héros, qui sont soit les descendants des Dieux, ou bien des mortels dont les exploits légendaires font écho au-travers des Âges à ceux des divinités.

Cette démarcation n’en est toutefois pas une qui crée une plus grande importance pour les Dieux : ils ne sont ni plus valeureux ni plus grandioses que les Héros, et on leur doit donc un respect égal. Il est aussi excessivement rare que quelqu’un suivant le panthéon ne prie qu’à une seule de ces entités — car bien qu’on prie à Yri pour que les récoltes soient riches, ne prierait-on pas aussi à Bjorn pour qu’il veille sur nos enfants partis à la guerre ? Ainsi, les temples voués à un Dieu ou un Héros, bien qu’ils existent, sont rares : les lieux de culte sont souvent remplis d’effigies des membres du panthéon reconnus partout en Valgaard, mais aussi de divinités et de légendes locales qu’affectionnent les gens de l’endroit.


Les êtres fondateurs

Bien avant l’avènement des dieux, avant que le monde ne soit monde et quand tout n’était que chaos, il y avait deux êtres, Tyr et Rea. Le Ciel et la Terre, unis sans jamais se toucher, les premiers venus de l’univers. Ils étaient en ces temps immémoriaux des êtres insouciants, qui n’avaient guère plus de fonction que d’être, au sens propre. 

Il est difficile de dire si Fenja existait ou non au début des temps. Le mythe le plus raconté lui donne origine dans les premières larmes versées par Tyr, lorsqu’il constata la déchéance de son premier né.

Bien que ces trois êtres fassent partie du panthéon, ils ne sont ni célébrés, ni vénérés, ni même priés comme on le ferait pour les Dieux et les Héros. Pourquoi s’attendrait-on à une réponse du ciel, de la terre, ou même de la mer ? Ils n’ont, selon les croyances communes, que bien peu d’intérêt envers les mortels, et les croyants de la froide province leur rendent bien en retour.

Tyr

Dans un fracas assourdissant, le ciel s’illumine d’une fissure éclatante, le rire d’un être mercuriel. Dans les branches des grands arbres, un murmure secoue les feuilles. Tyr, le Ciel, est à la fois Partout et Rien. Il est le souffle dans le poumons des mortels et la pression qui quitte un corps lors du dernier soupir. Il est partout où Rea et Fenja ne sont pas.

Jadis, Tyr ressentit que son domaine n’était pas seulement le vide, mais bien l’espace, et donc qu’il pouvait recevoir en lui un enfant qu’il ferait lui-même. C’est ainsi qu’il façonna Valg, le Dragon, de son souffle, de nuages, et de la lumière des astres.

Rea

Solide sous les pieds des hommes, grande et immuable dans ses montagnes qui soulèvent la voûte céleste, Pleine et Vivante, la Terre est connue sous le nom de Rea. Objet immuable qui situe toute chose, elle est aussi porteuse de tout ce qui vit, et accueille dans ses bras tout ce qui doit flétrir. 

Rea châtia Tyr d’avoir créé le Dragon en secret. Sans son aide, ce qu’il avait créé était incomplet, imparfait, et destructeur. C’est les larmes aux yeux que Tyr accepta de réessayer, et de créer quelque chose avec Rea, de donner naissance à un être complet, composé du Ciel et de la Terre. Un fils : Faltyr.

Fenja

Lorsque les larmes de Tyr se répandirent sur Rea, elle les recueillit en son sein. Leur accumulation trouva sa place dans tous les creux de la forme de Rea, et comme la déception et la tristesse de Tyr étaient grandes, les océans qui en résultèrent en étaient presque aussi gigantesques. Du paradoxe d’être recueillie comme toute chose qui meurt, Fenja naquit, ou, du moins, Fenja fut. 

Les océans et leurs marées sont Fenja, étendue vers le point le plus distant du ciel sans jamais pouvoir le toucher. Le ressac et les raz-de-marée sont tout autant de tentatives de rejoindre Tyr, ou tout autant d’essais de Rea de la consoler en la berçant contre elle, selon qui raconte les légendes.


Les Dieux

En donnant d’abord naissance à Valg, Tyr découvrit que sa progéniture était dotée de talents et de pouvoirs qui étaient aussi vastes que les siens et ceux de ses semblables. 

Ces Dieux, tous des créations des êtres fondateurs, forment le cœur du Panthéon valgaardien. Tantôt frères et sœurs, tantôt êtres disparates nés de créations distinctes des êtres fondateurs, les Dieux occupent un grand nombre de fonctions dans la cosmologie du Panthéon, et orchestrent le fonctionnement du monde selon les gens du nord. 

L’une des premières leçons enseignées dans les légendes des Dieux est celle établissant la différence entre Valg et les autres divinités. Le Dragon est né du désir égoïste de Tyr d’avoir un compagnon, né sans amour, sans une famille pour l’accueillir dans le monde. C’est ce que Rea apprit au Ciel : rare est l’enfant né sans amour qui ne devient pas vil et destructeur. Ainsi s’unirent-ils pour fabriquer Faltyr, le premier homme, le premier héros.

Valg

C’est lorsque ses serres labourèrent la Terre douloureusement que Rea découvrit ce que Tyr avait créé en secret : la violence. Cette première séparation entre elle et le Ciel fut marquée par cette première déchirure. Le Dragon, un être dont la forme était vouée à la destruction, s’attaquait à tout ce qui n’était pas lui. Lorsqu’il fut vaincu par Faltyr, Valg s’effondra contre Rea, qui le prit dans ses immenses bras et le garda contre elle, lui donnant dans la mort toute la tendresse et l’amour avec lequel il aurait dû être créé. Son échine forma le sol sur lequel reposerait la neige, son linceul, formant la terre de Valg, ou Valgaard.

Valg est un Dieu qu’il est rare de prier, car lui faire appel est semer la destruction. Les flammes qui se déversent de sa gorge, si elles vont bien détruire l’objet de la haine de son fidèle, vont bien souvent immoler la personne lui ayant demandé cette violence.

Prière

Par le brasier jaillissant de ta gorge, le feu qui donne sa forme au monde, Ô Seigneur de la Destruction, Valg, Tyrant des Cieux, accorde-moi...

Faltyr

Quand Tyr et Rea s’unirent enfin pour créer un Dieu qui saurait vaincre le Dragon, celui-ci jaillit de leur étreinte vêtu de maille rutilante, ses cheveux couleur d’or  coulant de son heaume. Il se saisit d’un rayon de soleil pour en faire sa lance, et prit le bouclier de roc que lui tendait Rea. Suite à un combat acharné, il perça le flanc de Valg, et celui-ci se vida de son sang. On raconte que la lance de Faltyr est toujours enfoncée dans un gigantesque rocher sur l’une des montagnes séparant Valgaard des contrées inexplorées au nord, coincé dans la chair du Dragon vaincu.

Faltyr est le Roi des Dieux et la divinité associée à la gloire, la justice, la droiture, la vérité et l’honneur. Il veille sur les seigneurs, les chevaliers, et autres meneurs d’homme avec bienveillance, et leur accorde conseil, il est dit, quand leurs regards se portent vers l’horizon, là où le Ciel et la Terre tentent de se rejoindre. Il est aussi nommé dans certains mythes par un épithète particulier, “Haraldyr”, ou “Héritier Divin”, de par son lien direct avec les êtres fondateurs.

Prière

Par ta Lance, Ô toi qui pourfendit le Dragon, toi qui est Roi des Rois et Dieu des Dieux, Ô Faltyr, dirige-moi et accorde-moi...

Yri

Pour que chaque chose qui existe et qui vive n’aie pas à naître de leurs mains, Tyr et Rea créèrent une sœur pour Faltyr. Ils lui donnèrent, en la façonnant, la capacité de créer des choses fécondes, qui peupleraient les vastes étendues de la dépouille de Valg, et qui seraient menées par Faltyr. Toutes les plantes et toutes les créatures, donc, sont de son domaine. 

Yri est déesse des naissances et de la fertilité, mais aussi de la célébration, du plaisir, et de la bonne humeur en général, tant et si bien qu’on dit parfois de quelqu’un de très joyeux qu’il ou elle a “bu de la cruche d’Yri”. 

Elle est aussi, à moindre escient, une divinité d’amour et de compassion. Émue par les vagues qui tentent de rejoindre le ciel, elle alla un jour tremper ses orteils dans les eaux de Fenja, et lui offrir de l’aider à donner naissance à un être qui lui porterait plus attention que Tyr.

Prière

À toi je rends hommage, déesse de la moisson, des mères et des enfants, Ô Yri, Sanctuaire Éternel, accorde-moi...

Hildar

La boue riche entre les orteils d’Yri se dispersa dans les vagues de Fenja. Un nuage ocre prit forme sous les marées, se fondant petit à petit en une forme humaine enveloppée dans un linceul tissé de poussière. La silhouette se mit à genoux dans les eaux, transie par le froid, et fut accueillie avec joie par Yri et Fenja.

Hildar, Premier parmi les Morts, venait de commencer à exister. De ses lèvres bleues enflées par la noyade, il murmura sa proclamation : tout être doit mourir. Tout ce qui a un début a une fin, et tout ce qui est éternel ne peut changer cette vérité. Les autres Dieux et les Êtres Fondateurs entendirent tous son message, et comprirent que cela serait vrai. Tyr laissa fuir un sanglot de sa gorge, un craquement de tonnerre qui secoua le monde, et tous surent que le Ciel ne saurait accueillir la tristesse qui accompagne la mort sans se briser à chaque fois. C’est pourquoi Hildar confie les défunts aux soins de Fenja, car sous les vagues ils trouveront le repos des choses immobiles, et lui porteront compagnie à lui et à son origine marine.

Prière

Ô, Gardien des âmes damnés, brandit ton épée de pénitence et perce le cœur de tes ennemis, Hildar, Héros de la Mort, accorde-moi…


Les Héros

Du reste des membres du Panthéon, de nombreuses origines entrent en conflit. Tantôt des figures héroïques légendaires ayant impressionné les Dieux au point d’être accueilli auprès d’eux, tantôt la progéniture même née de l’amour qui sait naître entre deux êtres divins, les Héros sont les saints veillant sur les domaines plus communs de la vie courante des Valgaardiens. Si les érudits s’entendent rarement sur la véracité des récits de leurs naissances ou de leurs ascensions, ils sont d’accord sur un point : la légende fait le héros, et pas l’inverse. N’est pas Héros qui le décide, et seuls les véritablement valeureux verront leurs exploits chantés et scandés assez haut et assez fort pour inscrire leurs noms dans les annales du Panthéon.

Bjorn

Avec l’avènement de ses responsabilités de régent des Cieux,  Faltyr dut se rendre à l’évidence; il lui fallait un agent de confiance sur terre, pour gérer les affaires des mortels en son nom. Il consulta Hildar, nouveau dans les affaires de la gestion des morts, et ils conclurent une entente. Ensemble, ils allaient engendrer un héritier, un héros qui garderait les mortels dans leurs guerres et escorterait leurs âmes jusqu’à l’étreinte d’Hildar et de Fenja.

Ainsi leur fût né un fils, mortel, grand, puissant, un guerrier de renommée à la tête des armées de Faltyr.

Bjorn avait la taille d’un ours massif, testament de sa parenté divine. On raconte que son chariot de guerre était tiré par une meute de  molosses et aucun ennemi ne faisait long feu face à eux. Il combattait avec une férocité qui n’avait d’égale que la révérence avec laquelle il recueillait ses soldats tombés. 

Une des légendes cimentant la place de Bjorn dans le Panthéon décrit le jour où il était pourchassé par ses nombreux ennemis qui avaient décidé de sa mort. Criblé de flèches, meurtri de coups et ensanglanté, il sentait ses jambes faillir, et donc il s’enchaîna à un grand chêne, pour faire face à ses adversaires debout. Quand ceux-ci le rattrapèrent, ils furent saisis de peur, car sa détermination s’élevait toujours contre eux malgré leur nombre.

Prière

Par tes crocs de guerre teintés de sang, et par tes griffes de fer et leur mortel tranchant, Bjorn, Ô grand guerrier de légendes, accorde-moi...

Hjarrand

L’un des rares enfants d’un Dieu et d’un mortel, Hjarrand est né d’une union entre Faltyr et une Skogsrå vouée à interpréter la voix de Fenja dans les signes laissés sur la plage par le ressac. L’enfant grandit pour démontrer l’une des plus grandes particularités de l’humanité : la curiosité. Ainsi, dès sa plus tendre enfance, Hjarrand cherchait à savoir, à apprendre, à comprendre et à consigner sur le vélin toute connaissance tombant dans son chemin.

Scribe et archiviste des Dieux, Hjarrand est, dans les images saintes et les œuvres skaldiques, une silhouette frêle dans une simple robe de voyageur. Son visage caché par les ombres du capuchon, Hjarrand dirige son regard vers le passé, le présent et l’avenir, et consigne chaque détail dans le but d’un jour poser le dernier point sur la dernière ligne de l’histoire de l’humanité.

On dit de Hjarrand que sa quête de savoir causa sa rencontre avec Hildar, pour lui demander s’il saurait lui révéler quand le monde mourrait. C’est peu après que Hjarrand fonda le Reliquaire, et donna aux mortels une partie de son devoir légendaire.

Prière

Avec ma plume j’appose ces mots, et je te promet, ô guide, de ne jamais les omettre, Hjarrand, Héros du Savoir, accorde-moi...

Iseult

Il y a une certaine ironie à la légende d’Iseult à la Voix d’Or, sainte de la musique, du chant, du conte et de l’art. Ce n’est pas sa propre voix qui la propulsa dans le Panthéon, mais bien celles des autres ménestrels, s’inspirant de ses chansons, qui étoffèrent sa légende et firent d’elle la patronne des artistes.

Son influence sur la chanson de geste valgaardienne fût telle que, de nos jours, on ne retrouve plus beaucoup de contes chantés dans un autre style que le sien.

Une section non-négligeable des archives de l’académie Folketstemme est dédiée aux épopées qui sont crues comme ayant été composées par cette Héroïne du Chant, ou relatant ses propres aventures en tant que musicienne ambulante. Une chose est sûre, une grande partie des légendes au sujet des autres Héros a été consignée à l’écrit d’abord et avant tout par Iseult, et ainsi, elle est particulièrement vénérée par les théologiens de la froide province.

Prière

Bercé par tes chants, je m’abandonne à ton nom, à ta beauté, à ton cœur pur et éternel, Ô, douce Iseult, entend ma plainte et accorde-moi...

Aarn

Élevé par ses parents Faltyr et Yri pour fabriquer les armes et les armures des dieux, Aarn était un enfant rebelle. Plutôt que de s’intéresser à la métallurgie lui étant mandatée par ses divins aïeux, il s’appropria tous les métiers d’artisanat qu’il rencontra sur son chemin, de la menuiserie au travail du cuir, en passant par l’orfèvrerie, la maçonnerie, et même la cuisine et la brasserie. Exaspéré par cette attitude touche-à-tout, Faltyr confronta son fils en lui réclamant de produire son équipement guerrier au plus vite.

Aarn lui révéla alors un gilet de la maille la plus fine, la plus rutilante et la plus durable que quiconque ait jamais vu. Ses anneaux étaient fabriqués de la lumière de la lune et elle pesait moins qu’un souffle. Le Héros des Artisans expliqua à son divin père que pour produire des armements dignes du Roi des Dieux, il lui avait fallu d’abord comprendre tous les autres métiers pour apprendre ce qu’ils sauraient apporter à celui de l’armurier. Faltyr en rit à gorge déployée : il lui commanda alors une épée, à la condition que celle-ci n’avait nul besoin d’être parfaite, et il rendit grâce à son fils.

Aarn est le Héros de l’Artisanat, celui qui cherche à tout comprendre, tout briser pour tout refabriquer. Il veille sur les mains de ceux qui fabriquent et ceux qui construisent, et guide leurs outils dans la direction d’un produit bien fait, mais jamais de la réelle perfection ; car comme son père lui fit comprendre, elle est rarement nécessaire.

Prière

Qu’embrasées soient les cendres de ta forge, qu’adroit et précis soit le coup de ton marteau, Ô Aarn, Artisan des Héros d’autrefois, accorde-moi...

Siv

Quand la lune peine à percer au-travers des branches, Siv veille sur les âmes errantes des forêts, guidant les voyageurs égarés vers les sentiers empruntés par les bêtes. Quand un faon perdu découvre les palissades d’un camp de bûcherons, le Bienveillant envoie une biche ramener le petit au couvert des arbres.

À l’orée des bois, sur le seuil de la caverne, à l’extrême limite entre la civilisation et la nature sauvage, c’est là que Siv se tient, le pont entre les deux mondes, celui des hommes et celui des bêtes. Héros des chasseurs, des traqueurs et des explorateurs, Siv le Bienveillant est aussi le saint de l’hospitalité. Les vagabonds qui suivent la fumée d’un feu de camp savent qu’ils pourront dégeler leurs membres auprès des étrangers qu’ils y trouveront en invoquant la bonté de Siv. Tout traître qui causerait malheur à qui s'assoit près de son feu est destiné à être dévoré par les coyotes, les corbeaux et les crabes qui sont les émissaires du légendaire chasseur.

Prière

Héros des aigles et des fleurs, Ô Siv, toi qui s’élance parmi les faons, toi qui chasse avec les loups, réponds à mon appel et accorde-moi...

La Traîtresse

Des côtes de Réa, labourées par les puissantes griffes de Valg, une poignée de terre fut dérobée qui servit au grand dragon à façonner sa propre progéniture. Dans le four de sa gueule, il forgea un enfant, une fille née de violence qui hériterait de son père une haine et une solitude sans limite. Après la défaite de Valg, Faltyr reccueilli l’enfant, incapable de se résoudre à la tuer également, et l’éleva avec tout l’amour que lui-même et Yri avaient à offrir. Leur espoir de sauver la petite fut cependant vain; Osana était destinée à la noirceur par la décision égoïste de Valg.

Durant sa jeunesse, Osana était pleine de promesses: curieuse, studieuse, disciplinée, elle était la perle de la couronne de Faltyr, la prunelle des yeux d’Yri. Mais laissée à elle-même pour approfondir son éducation, pour assouvir sa soif de savoir, elle plongea dans des études de plus en plus occultes, dévoilant des secrets de plus en plus sombre. Lorsque Yri la réprimanda, Osanna se retourna contre elle, et en guise de rébellion, passa tout son savoir occulte aux mortels, se dévoilant ainsi comme la mère de la sorcellerie et répandant la malédiction de la magie noire sur la terre de ses parents. 

Prière

Ô Traîtresse, je suis ton bras armé, je suis ton serviteur, ton protecteur, Osanna, Mère des Monstres, ouvre ton cœur noir et accorde-moi...


Evelheim

La foi valgaardienne est fragmentée, disparate, et tout sauf centralisée. Ses pratiques diffèrent d’un endroit à l’autre, et les Héros à l’honneur dépendent des réalités respectives des lieux où ils sont célébrés. Malgré cela, les prêtres du Panthéon diront tous que le lieu le plus sacré pour eux est Evelheim, la capitale de leur province.

Si certains disent que ce serait car Evelheim est le point d’impact de Valg lors de sa défaite, la réalité que l’on peut observer est que le Reliquaire lègue son importance à Evelheim. En effet, comme c’est là que les scribes du Héros du Savoir oeuvrent à consigner toute information importante, c’est aussi par le fait-même le lieu où on peut retrouver le plus d’histoires et de légendes sur les membres du Panthéon dans toute Valgaard. Il n’est pas rare pour un futur clerc des légendes valgaardiennes de servir quelque temps auprès des archivistes, pour acquérir plus de connaissances anciennes sur les Dieux et les Saints.

Coutumes

Comme les pratiques rendant grâce aux personnages légendaires du Panthéon sont différentes d’un endroit à l’autre, il est très difficile d’en faire une liste exhaustive. Toutefois, cela fait aussi en sorte qu’il n’y a aucune pratique qui soit considérée “meilleure” que les autres, et ainsi, les fidèles sont libres de vénérer comme ils le souhaitent.

Le périple à la Skogsrå

Les trois oracles du ciel, de la terre et des mers habitent des huttes reculées le plus près possible de leurs charges respectives. Dans le but de tenter d’obtenir quelques mots de la part des créateurs de leur monde, plusieurs Valgaardiens entament un pèlerinage pour rencontrer chacune des Skogsrå tour à tour. Moyennant des nouvelles du monde extérieur, et plus précisément du lieu de résidence du pèlerin, ainsi que des vivres et des biens propres au travail du voyageur, les oracles interpréteront pour elle ou lui les signes que les Êtres Fondateurs daignent donner.

Le Holmgång

Jadis, pour régler ses comptes, un guerrier pouvait en provoquer un autre lui portant injure à un duel sous les yeux de Faltyr. Les deux partis se rencontraient alors sur une petite île isolée, soit dans le Kerlaugar, soit dans la mer Astrale, et se battaient jusqu’à ce que l’un d’eux soit tué. Avec Faltyr comme seul arbitre, le gagnant était considéré juste et valeureux dans la querelle, et le vaincu verrait son nom et sa légende peints de ridicule et de déshonneur.

De nos jours, la pratique n’existe plus, ou du moins n’a plus aucun support légal. Toutefois, pour honorer Faltyr, durant les festivals et autres célébrations, il est coutume de déclarer un holmgång après une tirade d’insultes et d’autres blagues entre deux amis de longue date. Après quoi, un duel amical prend lieu dans un cercle de boucliers tenus par d’autres gens présents, une métaphore de l’île. Le duel prend généralement fin au premier sang, ou lorsque l’un des partis s’admet vaincu, ce qui a déjà mené à de regrettables incidents, si rares soient-ils.

La Lance de Faltyr

Si, depuis presque un siècle, le Panthéon se présentait avec l’Urne d’Yri, ce symbole de paix a petit à petit perdu de sa popularité depuis le couronnement de Berghild, la Reine Rebelle.

Ce qui tend à remplacer l’Urne Félicitée est la Lance de Faltyr, le fer qui pourfendit le Dragon. Symbole plein de sens pour la province à l’échine courbée sous la force du Saint-Empire Aslandais, il est visible même sur les étendards de la Reine Rebelle, et devient un signe reconnu que l’on soutient sa cause et celle de l’indépendance de Valgaard.

La Lance de Faltyr est souvent représentée comme un grand pic d’or tenu à deux mains par un guerrier portant maille et casque, le fer pointé vers le bas dans le geste d’un Héros plantant son arme dans le flanc du Dragon.

Titres

Gumatr (Orateurs)

À ces Skalds qui répandent les légendes des Dieux et des Héros, on accorde bien vite le nom de Gumatr, les grands orateurs, porteurs de la tradition religieuse valgaardienne.

Gothar (Prêtres)

Les rares gens qui se dévouent au Panthéon Valgaardien pour servir les temples, enregistrer les nouvelles légendes et travailler en tant qu’historiens de la province sont sacrés du nom de Gothar. 

Alsherjargod (Hiérophante)

Un chef élu parmi les Gothars, le Alsherjargod est celui qui préside aux rares assemblées de prêtres et veille aux célébrations qui animent les rues d’Evelheim de ferveur religieuse.  Souvent adjoint à la couronne valgaardienne, il sert aussi de conseiller à la Reine.

Skogsrå (Oracles)

Un trio d’oracles féminines interprétant les voix de Tyr, Rea et Fenja. Vivant en isolation les unes des autres mais aussi des gens du peuple, leurs divinations sont hautement prisées par les croyants valgaardiens. Lorsque l’une d’entre elles décède, des jeunes femmes de tous les villages sont paradées auprès de celles qui restent, dans le but qu’elles trouvent leur nouvelle sœur.