Ishta’ra, l’Éclipse Éternelle
C’est sous la gloire incandescente du Soleil que l’Empire Galadorei s’éteint il y a huit cent ans. Détruit de l’intérieur par une plaie gangréneuse, le premier règne des elfes se solda par l’éparpillement aux quatre vents des connaissances au sujet d’Ishta’ra, mère de tous les elfes, fille du soleil. C’est le retour soudain des Galadors, menés par la progéniture immortelle du dernier empereur des elfes, qui ramena avec eux la foi de leur terre natale. Avec surprise, les théologues constatèrent à quel point leur doctrine s’éloignait des croyances qu’ils avaient cru découvrir au fil de leurs fouilles archéologiques.
Changés par la mort de leur foyer ancestral, par huit cent ans d’isolation, et par tout autant de siècles de préparation à leur vengeance contre ceux qui ont dévoré leur monde, les Galadors amenèrent une perception de la mère des elfes tout autant changée. La progéniture doit surpasser ses origines, jusqu’à la mettre dans son ombre. Le Soleil doit être caché par sa fille, pour amener l’Éclipse.
Toujours plus loin
Les descendants d’Ishta’ra ont tiré une leçon de la destruction de leur patrie : il ne faut qu’une fissure pour fendre le mur. Le plus minuscule schisme de leur société mena à la prise de pouvoir de huit mages, qui mirent à feu et à sang tout Galadorei pour nourrir leurs essences de chaque meurtre. La grande famille de la fille du Soleil devrait donc être unie et se mouvoir de concert les uns avec les autres.
Dans cette unité, la plus grande des valeurs est la croissance. Que toutes les filles et les fils de la mère des elfes veillent à se développer pour permettre à leur famille de grandir avec eux.
C’est de cette philosophie de prospérité du groupe que naquit la soif d’innovation des elfes de Teir Aulë. En poussant ensemble, ils amènent toujours plus loin les frontières de ce qui était cru possible.
Mère des Elfes
Pour comprendre le zèle qui anime les fervents de l’Éclipse Éternelle, il faut se tourner vers l’histoire d’Ishta’ra, la première divinité. Autrefois, au-delà de l’Âge des Légendes, quand le monde n’était qu’un corps céleste parmi tant d’autres, le Soleil veillait sur toute chose, entouré de tous les Astres de sa Cour Incandescente. C’était une époque statique, sans changements, sans chaos, et cela plaisait au Soleil. Du peu de choses qui étaient, toutes existaient de façon ordonnée.
Certains des Astres percevaient cela différemment. L’étoile qui brillait le plus fort, surtout, désirait voir de nouvelles choses. Observer le changement, peut-être même le créer. Lorsqu’elle annonça ce désir au Soleil, elle le vit verser une larme pour la première fois. Cette larme tomba vers le monde et y répandit les océans, les lacs, les rivières que nous connaissons de nos jours.
Ce spectacle attisa la curiosité de l’étoile, qui plongea vers le monde pour aller voir tout ce qui aurait été changé par la larme du Soleil. Plus elle s’approchait de la terre, plus elle rapetissait, et plus elle brillait. Son éclat vint à en éclipser celui du Soleil, pendant un bref instant, avant qu’elle ne touche enfin le sol. Le choc prit sa conscience pendant un temps, et lorsqu’elle se réveilla, elle n’était pas seule. Sa vision trouble, l’étoile ne voyait que des silhouettes méconnaissables. Elle s’étendit vers elles et vit ses mains et ses bras, qui étaient d’or et de glaise. Elle se connut alors comme Ishta’ra, et son geste transforma les silhouettes en sept êtres identiques, sept femmes à son allure. À leur dos s’étendait une incroyable nouveauté : le monde, dans la vallée autour d’elles, avait donné naissance aux plantes, les herbes et les fleurs, les arbres et les mousses, et tout le reste de ce qui croît et tend vers le Soleil. Le regard d’Ishta’ra suivit cette ascension et vit son parent céleste, distant et seul, immuable parmi les Astres. Elle sut alors qu’elle ne serait plus jamais la bienvenue à ses côtés, car elle n’était elle-même plus un Astre mais plutôt un être, condamné à un jour mourir.
Avec ses sept filles, Ishta’ra trouva un lieu sûr où vivre. C’est au pied de l’être vivant le plus vieux du monde, un grand saule, qu’elles décidèrent de commencer à émuler le Soleil, et à créer entre elles de nouvelles vies.
Sept filles eurent sept fils, et par sept encore et encore filles et fils agrandirent la famille. Après sept générations, Ishta’ra s’était déjà éteinte, mais ses enfants et leurs enfants chantaient sous tous les arbres du monde. Lorsque chacun d’entre eux rendait grâce aux premiers rayons lumineux de chaque jour, le nom du Soleil n’était pas sur leurs lèvres : chaque remerciement était offert à Ishta’ra, sa fille, son éclipse.
Ishta’ra, la mère des elfes, avait mis fin à son immortalité en quittant le domaine des Astres. Elle en avait fait don de sa vie au monde.
Prière
Sous ton Saule comme sous ton Soleil, je lève les yeux vers ton Éclipse, Ô Ishta’ra, Mère de tous les elfes, fille des Astres Immuables, rappelle-moi…
Les deux mains de la déesse
Dans l’imaginaire collectif des gens de Galadorei, la divine Ishta’ra est représentée comme un être scindé en deux. Du milieu de son front jusqu’aux bout des doigts de sa main gauche, elle est de l’or éclatant de son ascendance céleste, plus près d’un feu liquide que de la chair mortelle. Des ongles de sa main droite jusqu’au creux de ses lèvres, elle est d’ocre et de gris, de rouge et des autres tons que la glaise et son argile adoptent de par le monde.
D’un côté, le feu destructeur des Astres Immuables, de l’autre, le matériau de construction le plus commun d’un monde nouveau. Créer et briser, les catalyseurs du changement.
La Main Céleste
La progéniture de l’Éclipse considère la destruction causée par la poigne incandescente de leur mère comme un mal nécessaire. Comme les feux de forêt dont le brûlage est contrôlé, détruire ce qui n’a plus sa place permet de laisser de l’espace et des ressources pour les nouvelles pousses. Tout ce qui ne sert plus à Galadorei doit être transformé en ses plus fins éléments pour les réutiliser ailleurs.
Cette philosophie s’étend dans les pratiques militaires de l’état hautement religieux. Lorsque les Galadors doivent faire face à un ennemi, ils choisissent le chemin le plus court, efficace, et souvent brutal pour mettre fin au conflit.
La Main Terrestre
De sa main droite d’argile malléable, Ishta’ra façonne sa descendance ainsi que les bâtiments dans l’ombre desquels ils peuvent se reposer. En plus de vénérer cette facette de la déesse pour avoir donné naissance à tous les elfes, les Galadors croient que de cette main de glaise, Ishta’ra reprendra la chair et les os de ceux qui ont été happés par son penchant destructeur. En enterrant leurs morts dans des sols riches en argile, ils espèrent accélérer leur renaissance éventuelle.
Teir Aulë
Le Saule Immortel, comme un phare brûlant indéfiniment, illumine les environs de ses milliers de miroirs et autres surfaces réfléchissantes reflétant les feux des forges au-dedans de la tour. Bâti pour défier la radiance du Soleil, Teir Aulë est le havre du savoir et du progrès de Galadorei. Autant la tour éclipse tous les astres, autant ses habitants éclipsent de jour en jour toutes les avancées qui y ont été réalisées auparavant. On raconte que les Galadors y bâtissent d’étranges machines, vouées à rendre gloire à la divine Ishta’ra, des créations leur permettant de rendre automatiques des tâches diverses, libérant de nombreuses heures de leurs journées pour qu’ils puissent continuer à innover plutôt qu’à stagner.
Voix du Peuple
Dans les chantiers, les laboratoires et les usines où les Galadors travaillent, ainsi que dans les camps d’entraînement de leurs soldats, on entend résonner les timbres forts et clairs de leurs voix chantant des hymnes à répondre. Ces chansons de travail, rythmées et faciles à mémoriser, composent la majorité du corps textuel religieux des fidèles de l’Éclipse. Lors d’une tâche répétitive, les mots scandés permettent aux elfes de calculer leurs gestes, et de savoir, selon le rythme du chant, quand devoir appliquer plus ou moins d’énergie dans leur travail. Répéter ces chants permet aussi à un très grand nombre de Galadors d’être instruits quant à leur histoire, leur déesse, et surtout à tous ce qu’ils ont perdu avec la chute du Saule Millénaire.
Livre des Hymnes
Les chants recueillis dans le Livre des Hymnes sont les plus nombreux, et ceux qui exemplifient le mieux la philosophie de l’Éclipse. Parmi ceux-ci, on retrouve des récits de l’arrivée d’Ishta’ra, de nombreuses chansons sur ses premiers enfants lors des jours où le monde était jeune, et aussi des contes glorifiant l’histoire du premier Saule. La gloire de l’Empire Galadorei d’antan perdure dans les voix de ses descendants, tournés vers un futur qu’ils vont bâtir de leurs propres mains.
Livre des Pleurs
Une facette très importante de la foi de l’Éclipse et du besoin de se souvenir du passé est de ne pas oublier le visage de l’ennemi qui a détruit tout ce pourquoi les elfes avaient œuvré un millénaire plus tôt. Le nom « Levari » est un crachat plein de haine dans les lamentations des Galadors, démonisant la sorcière ayant sacrifié le peuple de Galadorei ainsi que son foyer. Un monstre ayant découvert comment atteindre à l’immortalité des Astres en dévorant la vie de ses semblables, Levari et les sept autres conspirateurs qui ont servi à son ascension font office d’avertissement pour les Galadors, pour qu’ils veillent à ce qu’un tel diable ne revienne jamais détruire ce qu’ils bâtissent.
Le Soleil en Éclipse
Un cercle de fer noir, poli et huilé, couvre presque entièrement un cercle de taille similaire en or jaune, laissant un infime quartier de Soleil paraître, généralement représenté sur le côté gauche du symbole comme allusion à la Main Céleste de la Déesse.
Le symbole figure comme symbole officiel de Galadorei autant que de sa foi, et est souvent porté par les elfes de Teir Aulë comme médaillon, ou gravé dans leurs armes et armures.
Titres
Progéniture
Tout elfe, selon les Galadors, qu’ils soient de Galadorei ou non. Il n’est pas nécessaire de croire pour être enfant d’Ishta’ra.
Phare
Un Phare, dans la foi de l’Éclipse, est un meneur de chant. Avec leurs voix, ils guident les fidèles pour qu’ils chantent avec eux les Hymnes et les Pleurs lors des heures de travail et d’entraînement.
Haruspex
Un rôle rarement discuté, le Haruspex est un professionnel de la destruction. Le Haruspex sait voir dans les décombres et les dépouilles d’importants présages.
Pontife
Souvent associé au rôle du Praetor, le bras-droit de la Chancelière de Galadorei, le Pontife fait, comme son nom l’indique, le pont entre le mortel et le divin. Il interprète les desseins de la Déesse au-travers des événements et des présages des Haruspices, servant de Phare pour le Saule Immortel au grand complet.