La Foi des Piliers
De par les terres connues, que ce soit dans les froides steppes valgaardiennes ou parmi les sables balayés par le vent de la belle Mirahd, on retrouve le nom de Dieu sur toutes les lèvres. Le travail acharné des adelphes de la Foi à amener la parole des archanges de la vénérable Saint-Castel jusqu’aux extrémités du monde, sans toutefois chercher à étouffer les croyances des nations qu’ils explorent, aide à faire croître de jour en jour les ouailles du Saint-Empereur.
La Foi prend forme au quatrième siècle après la fondation d’Ormecolline, durant le règne du Roi Thérésius. À l’époque, ce qu’on appellerait un jour le royaume d’Aslande n’était qu’un ramassis désorganisé de fiefs indépendants, taxés par des seigneurs rendus cruels par le besoin de garder un œil sur leurs voisins. Le siège de Thérésius n’en était qu’un parmi les autres, et le roi n’était ni plus doux ni plus juste que ses semblables. La loi était faite par le fer et par les armées, et s’appliquait dans le sang et les flammes.
Une nuit, un fracas réveilla le roi. Alarmé, il se saisit de sa lance, prêt à faire face à un intrus. Devant lui était apparue l’Archange Isaëlle, Messagère de l’Élysée. Le bois de son arme fendit et noircit comme brûlé par les flammes, et son fer fondit. Il ne pouvait alors que se prosterner devant la divine apparition, et écouter ce qu’elle venait proclamer.
Le roi fonda la première église dans laquelle on rendrait grâce aux Piliers, et devint le premier apôtre de celui qu’il appelait Dieu. Dans les années et les décennies qui suivirent, le message véhiculé par Thérésius et ses disciples - un appel à la paix, à la fraternité, à l’élévation des masses par la connaissance et par le pardon - aida à réunir tous les autres seigneurs sous Ormecolline, sous la bannière d’un royaume d’Aslande, un royaume de Dieu.
De nos jours, neuf siècles plus tard, le Saint-Empire Aslandais reconnaît le message de l’Archange, véhiculé par Thérésius. La Fraternité proposée par la Messagère s’était perdue au fil des ans, causant l’avènement de ce qu’on appella la Croisade contre l’Occulte au début du Deuxième Âge d’Aslande. Le Pardon avait été oublié, en faveur de la haine. Hérétiques et sorcières furent persécutés, chassés, mis à mort.
“Jamais plus ne serons-nous détournés du Message originel”, déclara le Saint-Empereur Nobastus Premier. “Tout être qui rend Grâce à Dieu, peu importe qu’il porte en son Sein l’amour d’une autre divinité ou même l’influence du Malin, sera pardonné.”
L’Appel de l’Archange
Le Message proclamé par l’Archange Isaëlle, celui qui changea la voie du roi Thérésius et même la trajectoire du royaume d’Aslande, offrait plusieurs certitudes donnant forme à l’univers pour des hommes qui ne voyaient qu’un monde dur et violent.
L’Élysée attend tous ceux qui sont Justes et Bons, un paradis auquel tous pourront accéder à la fin de leurs jours s’ils suivent les préceptes du divin. Là, dans le royaume de Dieu, ils vivraient éternellement, parmi les anges et loin des atrocités de la vie. Ceux qui, dans l’obstination, s’acharneraient à suivre les voies du vice et de la haine seraient condamnés au tourment éternel, parmi les démons des Enfers. Là, ils souffriraient jusqu’à en oublier tout ce qu’ils avaient été durant leurs vies mortelles.
Mais qu’est-ce qui est Juste ? Qu’est-ce qui est Bon ? Pour aider les hommes à rejoindre leur Dieu, l’Archange fournit à Thérésius trois Piliers sur lesquels bâtir son église, trois préceptes qui guideraient ses disciples : la Foi, la Prudence, la Charité.
Pour les pécheurs, il n’était pas trop tard non plus. Thérésius enseigna la Fraternité dans son église, un moyen sûr de suivre les Piliers et d’amener son prochain en Élysée avec soi, et cela devait passer par le pardon.
Un Dieu Créateur
Dans le Message, l’Archange présentait le divin, un démiurge qui, du haut des cieux, forma le monde en un mot. Maître de l’Élysée, ce Dieu ne peut ressembler à sa Création. Il est infini et indéfini, car d’être partout demande de ne pas avoir de forme. Dire que Dieu “est” est même faux, car pour avoir créé l’existence, il doit la transcender.
D’une magnitude incompréhensible, Dieu est pourtant ce qui comprend le cœur des hommes. S’il ne comprenait pas le vice, le péché, la haine, et toutes les autres fautes qui peuvent s’attribuer aux hommes, comment saurait-il les pardonner ?
C’est là son message : il accordera sa charité à tous ceux qui sauront être charitables eux-mêmes, et être miséricordieux envers leurs semblables.
Prière
Avec Foi, je me prosterne, avec Prudence, je me défends, et avec Charité, je me sacrifie, loué sois-Tu, Dieu Bienfaisant, accorde-moi...
Les Piliers de la Vérité
Ce que Dieu veut pour les hommes est une réalité complexe que l’Archange amena aux mortels en trois volets, trois Piliers, sur lesquels l’homme peut fonder son monde pour atteindre l’Élysée et rejoindre son Dieu. Les Piliers informent les bonnes gens de ce qui est sacré, et que ce qui s’oppose à ceux-ci est le domaine du Malin.
La Foi
Le Pilier de la Foi traite de la relation entre l’homme et son seigneur divin, ainsi que de sa dévotion à tout ce qui porte la parole de Dieu. Rien ne sert de porter Dieu dans sa voix si on ne le porte en son coeur, ainsi il ne suffit pas de prier et d’observer le règne du démiurge, mais plutôt d’agir en suivant les deux autres Piliers et en partageant sa Foi avec ceux qui ne connaissent pas le divin aussi bien que nous-mêmes. En ce sens, le Pilier de la Foi est le plus important, car c’est celui sur lequel les deux autres reposent, et est élevé par ceux-ci.
Contrairement à la perception véhiculée durant la Croisade contre l’Occulte, il n’est pas nécessaire pour suivre le Pilier de la Foi de n’honorer que Dieu. C’est car là où la Foi s’installe, elle ne repousse pas les croyances qui existent déjà, mais les encourage et les enrichit, car Dieu ne demande pas une vénération unique. Dieu ne demande pas même la reconnaissance que ses prêtres lui accordent : il ne demande rien, car il est Tout et Tout-Puissant.
La Prudence
Le Pilier de la Prudence traite de la relation entre l’homme et le Profane. Ce qui est Profane se définit ainsi : tout ce qui refuse l’existence de Dieu, tout ce qui place toute chose au-dessus de Dieu, et tout ce qui va à l’encontre de ses Piliers et du Message de son Archange.
Durant la Croisade contre l’Occulte, le Pilier de la Prudence fut détourné de son intention originelle. Son nom fut scandé pour commettre des atrocités impardonnables.
Car nul ne choisit d’avoir en son cœur le Malin, de porter la sorcellerie, comme nul ne choisit d’ignorer Dieu si on ne lui parle jamais de sa Vérité, ces choses ne sont pas Profanes. Ce sont simplement des brebis à qui partager le Message, et à qui étendre notre pardon.
La Charité
Le Pilier de la Charité traite de la relation entre l’homme et ses semblables. Une part essentielle des fondements du pardon et de la Fraternité, la Charité invite à recevoir son prochain comme on souhaite être reçu. Quel pécheur ne voudrait être pardonné, lorsque l’alternative est la damnation éternelle ? Quel fidèle ne voudrait accéder au paradis de son Dieu ? Le Pilier de la Charité est l’amour de son prochain, car le chemin vers l’Élysée est sinueux et empli de détours. Élever ses semblables à être aussi vertueux que soi-même, car la vie éternelle ne serait pas désirable si elle était une existence solitaire, et donc, aider à l’ascension des autres fidèles est le plus haut devoir de tout disciple de Thérésius.
Saint-Castel
C’est dans la Basilique de Saint-Castel que le trône du Saint-Empereur est installé, et d’où il dirige les milliers de fidèles qui lèvent les yeux vers lui et vers les cieux. Dans la cité, désormais capitale du Saint-Empire Aslandais, on suit le Pilier de la Charité à une échelle jamais vue ailleurs. C’est là que sont amenées les richesses du Saint-Empire, ses matériaux et ses joyaux, ses vivres et ses confections. Tout ce qui y est amené sera trié et envoyé en parts favorisant les plus nécessiteux dans toutes les cités de l’empire, pour que le travail des plus fortunés veille à l’élévation des moins chanceux.
Dans la cité sainte, on trouve également de nombreux collèges enseignant le Message, ainsi que le Collège des Vicaires, qui s’assurent de l’élection d’un nouveau Saint-Empereur lorsque le précédent accède enfin à l’Élysée.
Le soir de toutes les fêtes saintes, une chandelle peut être vue allumée à chaque fenêtre de chaque bâtiment habité de la cité, un rappel pour tous du nombre de gens ayant juré le Serment de Fraternité autour d’eux.
Le Saint-Empereur
Succédant au rôle de Saint-Père, ayant connu sa fin lorsque l’église reprit le contrôle des terres d’Aslande, le Saint-Empereur est un chef religieux et politique pour son empire au grand complet, des plus petites provinces jusqu’aux dédales d’Ormecolline.
Le Saint-Empereur Nobastus Second est le troisième Saint-Empereur à siéger sur le trône dédicataire. Un homme au regard bon, dans la force de l’âge, Nobastus vient, contrairement à ses prédécesseurs, d’humbles origines. On raconte que c’est à ses dix ans, couvert de la poussière des chemins pastoraux, qu’il se présenta à Saint-Castel pour devenir un Chevalier-Dédicat de la Prudence.
Il devint un homme exemplaire de chacun des Piliers, et sa bonté ainsi que sa bonne humeur inspiraient ses confrères à le suivre et à devenir eux-mêmes de meilleurs prêtres et de meilleurs chevaliers. Ce n’est qu’avec peu de surprise que la population le vit gravir les échelons du Dédicataire de la Prudence, jusqu’à un jour subir une blessure grave dans l’exercice de ses fonctions, qui le rendrait estropié pour le reste de ses jours. Privé de sa pleine mobilité et ne pouvant assumer pleinement son rôle de Chevalier-Dédicat, il parviendra à devenir évêque, puis vicaire. Il prit même une femme, durant ces années de repos, et eut un fils. Ayant été proche du Saint-Empereur Ferranctus Premier durant les dernières années de son règne, il avait charmé autant le Collège des Vicaires que la population de Saint-Castel, et donc de nommer tout autre homme ou femme pour succéder à Sa Sainteté semblait pure folie. Il prit alors le nom du premier Saint-Empereur, désirant ramener la gloire des premiers jours de leur empire.
Durant son règne jusqu’à présent, le Saint-Empereur Nobastus Second a démontré être un grand artisan de paix. Même son devoir d’apporter le Message à ses voisins est tempéré par son amour des temps paisibles, et donc son regard se tourne vers un horizon lointain, là où le monde n’a encore jamais entendu parler de son Dieu. Il a commandé de nombreuses expéditions déjà pour parcourir le monde inconnu, et amener le Message à toutes les oreilles ignares.
Écrits et Coutumes
Au-travers des siècles, le nombre de textes ayant été composés en l’honneur de la Foi des Piliers ainsi que le nombre d’habitudes et de mœurs qui sont nées de la Foi se sont fait indénombrables. Les particularités de la Foi de nos jours se retrouvent toutefois bien résumées par le texte des Canons de la Foi, le Serment de Fraternité, ainsi que les Ordres de Chevaliers-Dédicats.
Le Canon de la Foi
Un ensemble de livres religieux regroupant des interprétations du Message qui ont été écrites par des évêques et certains des Saint-Pères. Le Canon est moins une œuvre de référence ou un guide des dogmes - cela est le territoire des églises - et plutôt une compilation de tous les efforts de recherche théologique et d’expérimentation philosophique qui ont été effectués vis-à-vis du Message de l’Archange.
Le Serment de Fraternité
La première bénédiction reçue par un fidèle de la Foi est organisée lorsque celui-ci y est prêt, précédé au préalable par un rituel de présentation à Dieu, souvent organisé par un parent pour son nouveau-né mais aussi choisi par un adulte qui rencontre la Foi des Piliers. Le Serment de Fraternité est la promesse d’un fidèle d’accorder sa Charité à Dieu comme Dieu lui accorde déjà la sienne : de le reconnaître comme seigneur de l’Élysée, de choisir de suivre ses Piliers, et de choisir un nom par lequel Dieu pourra faire appel à elle ou à lui.
Les Chevaliers-Dédicats
En plus du corps militaire régulier du Saint-Empire Aslandais, il existe trois Ordres de Chevaliers-Dédicats, un pour chacun des Piliers, menés par les Margraves. Dédiés à l’exemplification des vertus de leurs Piliers, les Chevaliers-Dédicats opèrent en-dehors des balises normales de l’église, et ont pour mandat de veiller à ce que toutes les instances de la Foi, qu’ils soient Curé ou même Saint-Empereur, appliquent les Piliers dans leurs vies et dans leurs sains travaux.
L’Épée de Vérité
Une croix à trois branches, représentant les Piliers de la Foi, de la Prudence et de la Charité, sa cîme englobée par un cercle représentant Dieu. Le symbole se retrouve sur les armoiries du Saint-Empire Aslandais, et est souvent porté au cou en pendentif ou à la main en bague ou bracelet.
Titres
Frère, Sœur, Adelphe
Le titre de frère, de sœur ou d’adelphe est attribué à chaque individu qui suit les dogmes des Piliers de la Vérité, selon les traditions de la Foi. Tous les fidèles font partie d’une même famille sous Dieu le Créateur, et sont donc désignés de la sorte par respect et commémoration.
Prêtre
Les Prêtres forment la classe sacerdotale de la société impériale aslandaise. Responsable des cérémonies de tous les jours, des fêtes et de guider les ouailles de la communauté qu’ils habitent.
Chevalier-Dédicat
Gardiens exemplaires de chacun des Piliers, les Chevaliers-Dédicats veillent à ce que tous les membres du clergé suivent chaque Pilier sans en défavoriser un. Ils ont notamment le droit d’amener un individu suffisamment corrompu à comparaître devant un tribunal religieux, pour qu’ils expliquent leurs méfaits et promettent de mieux suivre le Message.
Évêque
Un Évêque veille sur une congrégation de Prêtres, et est la personne que ceux-ci rejoindront s'ils ont besoin de se recueillir. Leurs domaines rassemblent plusieurs églises, ainsi ont-ils un peu plus de pouvoir sur le développement de la région à laquelle ils sont assignés.
Vicaire
Les Vicaires sont d’un nombre variable cérémonieusement toujours impair. Ce sont les délégués du Saint-Empereur, ambassadeurs de leur foi. Les Vicaires exécutent les jugements de Saint-Castel et possèdent un pouvoir qui précède celui des Évêques. Ils sont considérés comme étant les directs apôtres du Saint-Empereur. À l’exception de celui-ci, ce sont les Vicaires qui détiennent le plus grand pouvoir, autant spirituel que temporel sur la religion.
Saint-Empereur
Le Saint-Empereur est le chef suprême de la Foi des Piliers et du Saint-Empire Aslandais. Le rôle de Saint-Empereur n’est occupé que par une seule personne à la fois, et sa succession est établie selon les décisions du Collège des Vicaires.
Comme son titre l’indique, le Saint-Empereur est canonisé en tant que Saint dès son ascension au trône dédicataire de Saint-Castel. Il est premier à recevoir la parole de Dieu et donc incarne le rôle de Son divin messager. La parole du Saint-Empereur est non seulement sacrée mais aussi considérée comme étant loi chez les fidèles de la religion.